« C’est impossible que tu sois sorti de là vivant » : Détenu en prison en Iran, un chrétien survit à la torture
Désormais en Turquie avec sa famille, un évangéliste témoigne de son année de détention en Iran pour Article 18.
Ali Shahvar, ancien toxicomane devenu évangéliste, a été détenu une année, en 2010, pour ses activités chrétiennes. Pour Article 18, celui qui se fait désormais appeler Iman revient sur cette période de détention.
Il évoque le centre de détention de Haj Davood, géré par le ministère du Renseignement, qu’il décrit comme un « endroit célèbre où les prisonniers sont emmenés pour être torturés et forcés d’avouer ».
Là-bas, il a été placé pendant un mois à l’isolement, dans une cellule « très sombre, chaude et pleine d’insectes ».
« 24 heures sur 24, il y avait un bruit dans la cellule comme celui d’un hélicoptère, mettant la pression sur mes nerfs et mon psychisme. Je n’avais pas le droit d’enlever mon bandeau dans la cellule. Il y avait une caméra, et si jamais j’enlevais mon bandeau, un officier viendrait me frapper avec un bâton ! »
Un mois plus tard, Iman va connaître une nouvelle période d’isolement. Une cellule aux conditions encore plus difficiles.
« J’avais très froid, alors j’ai demandé : ‘S’il vous plaît, pouvez-vous augmenter la température de la climatisation.’Bien sûr’, a dit l’officier, mais ensuite il a baissé encore plus la température, de sorte que la cellule est devenue encore plus froide. Je me suis senti gelé jusqu’au matin. Le matin, j’ai dit à l’officier : ‘Vous avez par erreur baissé la température de la cellule la nuit dernière, et j’étais gelé de froid’.’Je suis désolé’, dit l’officier, et il fit encore baisser la température. J’ai réalisé à ce moment-là que j’étais dans une cellule de torture. »
Il est resté 36 jours dans cette cellule. Un de ses codétenus, qui y était resté six jours avait alors affirmé, « c’est impossible que tu sois sorti de là vivant ! »
Au milieu des isolements, Iman témoigne des interrogatoires et de la violence physique, des prisonniers jambes et bras liés « pour les empêcher de ses suicider ». Il évoque également des pressions infligées aux membres de sa famille à l’extérieur.
Après avoir passé 9 mois en détention, Iman a été emmené devant le tribunal révolutionnaire, où il n’a pas bénéficié des services d’un avocat. Il a alors été condamné à un an de prison. Il a fait le choix de ne pas faire appel. À sa sortie de prison, les dirigeants de l’église lui ont conseillé de se tenir à l’écart de ses activités chrétiennes et de prendre soin de sa femme et de ses enfants. C’est avec eux qu’il est parti s’installer en Turquie.
M.C.